Page:Loti - Aziyadé.djvu/210

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vrés, plutôt par défi jeté à l’existence, plutôt par bravade que par amour.

Et le succès venant couronner ce comble d’imprudence, l’aventure réussissant par l’emploi des moyens les plus propres à la faire tourner en tragédie.

Ce qui tendrait à prouver qu’il n’y a que les choses les plus notoirement folles qui viennent à bonne fin, qu’il y a une chance pour les fous, un Dieu pour les téméraires.

… Elle, la curiosité et l’inquiétude avaient été les premiers sentiments éveillés dans son cœur. La curiosité avait fixé aux treillages du balcon ses grands yeux, qui exprimaient au début plus d’étonnement que d’amour.

Elle avait tremblé pour lui d’abord, pour cet étranger qui changeait de costume comme feu Protée changeait de forme, et venait en Albanais tout doré se planter sous sa fenêtre.

Et puis elle avait songé qu’il fallait qu’il l’aimât bien, elle, l’esclave achetée, l’obscure Aziyadé, puisque, pour la contempler, il risquait si témérairement sa tête. Elle ne se doutait pas, la pauvre petite, que ce garçon si jeune de visage avait déjà