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autres, vous ne pouvez point soupçonner ce bonheur d’arriver, qui vaut à lui seul toutes les fatigues et tous les dangers…


LX

Un temps viendra où, de tout ce rêve d’amour, rien ne restera plus ; un temps viendra, où tout sera englouti avec nous-mêmes dans la nuit profonde ; où tout ce qui était nous aura disparu, tout jusqu’à nos noms gravés sur la pierre…

Il est un pays que j’aime et que je voudrais voir : la Circassie, avec ses sombres montagnes et ses grandes forêts. Cette contrée exerce sur mon imagination un charme qui lui vient d’Aziyadé : là, elle a pris son sang et sa vie.

Quand je vois passer les farouches Circassiens, à moitié sauvages, enveloppés de peaux de bêtes, quelque chose m’attire vers ces inconnus, parce que le sang de leurs veines est pareil à celui de ma chérie.

Elle, elle se souvient d’un grand lac, au bord duquel elle pense qu’elle était née, d’un village