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nique ; mais il a compris, lui, qu’il ne me reverra jamais, et ses larmes me brisent un peu le cœur.


V

21 mars.

Pauvre chère petite Aziyadé ! le courage m’avait manqué pour lui dire à elle : « Après-demain, je vais partir. »

Je rentrai le soir à la case. Le soleil couchant éclairait ma chambre de ses beaux rayons rouges ; le printemps était dans l’air. Les cafedjis s’étalaient dehors comme dans les jours d’été ; tous les hommes du voisinage, assis dans la rue, fumaient leur narguilhé sous les amandiers blancs de fleurs.

Achmet était dans la confidence de mon départ. Nous faisions l’un et l’autre des efforts inouïs de conversation ; mais Aziyadé avait à moitié compris, et promenait sur nous ses grands yeux interrogateurs ; la nuit vint, et nous trouva silencieux comme des morts.

À une heure à la turque (sept heures), Achmet apporta une certaine vieille caisse qui, renversée,