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pluie et de la brume, un peu comme est chez vous l’hiver.

J’ai repris l’uniforme d’Occident, chapeau et paletot gris, il me semble par instants que mon costume, c’est le vôtre, et que c’est à présent que je suis déguisé.

J’aime ce petit coin de la patrie cependant ; j’aime ce foyer de la famille que j’ai tant de fois déserté ; j’aime ceux qui m’aiment ici, et dont l’affection rendait douces et heureuses mes premières années. J’aime tout ce qui m’entoure, même cette campagne et ces vieux bois qui ont leur charme à eux, un grand charme pastoral, quelque chose qu’il m’est difficile de définir pour vous, charme du passé, charme d’autrefois et des anciens bergers.

Les nouvelles se succèdent, mon cher effendim, les nouvelles de la guerre ; les événements se précipitent. J’avais espéré que le peuple anglais prendrait parti pour la Turquie, et je ne vis qu’à moitié, si loin de Stamboul. Vous avez mes sympathies ardentes ; j’aime votre pays, je fais pour lui des vœux sincères, et sans doute vous me reverrez bientôt.