Page:Loti - Aziyadé.djvu/314

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mal pour faire tout ce bruit, il se démenait d’un air si important et si joyeux, que, de bon cœur, nous nous mîmes à rire.

Et nous restâmes là longtemps à l’écouter, jusqu’au moment où il prit son vol, effrayé par six grands chameaux qui s’avançaient d’une allure bête, attachés à la queue leu leu par des ficelles.

Après… après, nous vîmes poindre une troupe de femmes en deuil qui se dirigeaient vers nous.

C’étaient des femmes grecques ; deux popes marchaient en tête ; elles portaient un petit cadavre, à découvert sur une civière, suivant leur rite national.

Bir guzel tchoudjouk (Un joli petit enfant !), dit Aziyadé devenue sérieuse.

En effet, c’était une jolie petite fille de quatre ou cinq ans, une délicieuse poupée de cire qui semblait endormie sur des coussins. Elle était vêtue d’une élégante robe de mousseline blanche et portait sur la tête une couronne de fleurs d’or.

Il y avait une fosse creusée au bord du chemin. On enterre ainsi les morts n’importe où, le long des routes ou au pied des murs…