Page:Loti - Aziyadé.djvu/43

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Samuel reçoit dans sa barque les deux premiers de ces personnages, et s’éloigne sans mot dire. Je suis resté seul avec la femme au voile, aussi muette et immobile qu’un fantôme blanc ; j’ai pris les rames, et, en sens inverse, nous nous éloignons aussi dans la direction du large. – Les yeux fixés sur elle, j’attends avec anxiété qu’elle fasse un mouvement ou un signe.

Quand, à son gré, nous sommes assez loin, elle me tend ses bras ; c’est le signal attendu pour venir m’asseoir auprès d’elle. Je tremble en la touchant, ce premier contact me pénètre d’une langueur mortelle, son voile est imprégné des parfums de l’Orient, son contact est ferme et froid.

J’ai aimé plus qu’elle une autre jeune femme que, à présent, je n’ai plus le droit de voir ; mais jamais mes sens n’ont connu pareille ivresse.


XX

La barque d’Aziyadé est remplie de tapis soyeux, de coussins et de couvertures de Turquie. On y trouve tous les raffinements de la nonchalance