Page:Loti - Aziyadé.djvu/45

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train près de notre barque ; il est rempli d’officiers italiens en partie fine, ivres pour la plupart ; – il avait failli passer sur nous et nous couler.


XXI

Quand nous rejoignîmes la barque de Samuel, la Grande Ourse avait dépassé son point de plus grande inclinaison, et on entendait dans le lointain le chant du coq.

Samuel dormait, roulé dans ma couverture, à l’arrière, au fond de la barque ; la négresse dormait, accroupie à l’avant comme une macaque ; le vieil Albanais dormait entre eux deux, courbé sur ses avirons.

Les deux vieux visiteurs rejoignirent leur maîtresse, et la barque qui portait Aziyadé s’éloigna sans bruit. Longtemps je suivis des yeux la forme blanche de la jeune femme, étendue inerte à la place où je l’avais quittée, chaude de baisers, et humide de la rosée de la nuit.

Trois heures sonnaient à bord des cuirassés allemands ; une lueur blanche à l’orient profilait le