Page:Loti - Aziyadé.djvu/57

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racontent tout un petit poème rustique et intime, auquel, je le sais, tu n’es point indifférent. Les grandes chaleurs suffocantes sont passées et nous entrons dans cette période de paix, de charme pénétrant, qui peut être si justement comparée au second âge de l’homme ; les fleurs et les plantes, fatiguées de toutes ces voluptés de l’été, s’élancent maintenant, refleurissent vigoureuses, avec des teintes plus ardentes au milieu d’une verdure éclatante, et quelques feuilles déjà jaunies ajoutent au charme viril de cette nature à sa seconde pousse. Dans ce petit coin de mon Éden, tout t’attendait, frère chéri ; il semblait que tout poussait pour toi… et encore une fois, tout passera sans toi. C’est décidé, nous ne te verrons pas.


V

Le quartier bruyant du Taxim, sur la hauteur de Péra, les équipages européens, les toilettes européennes heurtant les équipages et les costumes d’Orient ; une grande chaleur, un grand soleil ; un vent tiède soulevant la poussière et les feuilles