des sens ; rien de plus ne m’attacha jamais à aucune d’elles, et elles furent vite oubliées.
Mais j’ai souvent parcouru la nuit ces cimetières, et j’y ai fait plus d’une fâcheuse rencontre.
À trois heures, un matin, un homme sorti de derrière un cyprès me barra le passage. C’était un veilleur de nuit ; il était armé d’un long bâton ferré, de deux pistolets et d’un poignard ; — et j’étais sans armes.
Je compris tout de suite ce que voulait cet homme. Il eût attenté à ma vie plutôt que de renoncer à son projet.
Je consentis à le suivre : j’avais mon plan. Nous marchions près de ces fondrières de cinquante mètres de haut qui séparent Péra de Kassim-Pacha. Il était tout au bord ; je saisis l’instant favorable, je me jetai sur lui ; — il posa un pied dans le vide, et perdit l’équilibre. Je l’entendis rouler tout au fond sur les pierres, avec un bruit sinistre et un gémissement.
Il devait avoir des compagnons et sa chute avait pu s’entendre de loin dans ce silence. Je pris mon vol dans la nuit, fendant l’air d’une course si rapide qu’aucun être humain n’eût pu m’atteindre.