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Page:Loti - Aziyadé.djvu/84

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première installation, qui est pour l’instant une installation modeste.

Déjà l’aspect a changé ; j’entrevois la possibilité de faire un chez moi de cette case où soufflent tous les vents, et je la trouve moins désolée. Cependant il y faudrait sa présence à elle qui avait juré de venir, et peut-être est-ce pour elle seule que je me suis isolé du monde !

Je suis un peu à Eyoub l’enfant gâté du quartier, et Samuel aussi y est fort apprécié.

Mes voisins, méfiants d’abord, ont pris le parti de combler de prévenances l’aimable étranger qu’Allah leur envoie, et chez lequel pour eux tout est énigmatique.

Le derviche Hassan-Effendi, à la suite d’une visite de deux heures, tire ainsi ses conclusions :

– Tu es un garçon invraisemblable, et tout ce que tu fais est étrange ! Tu es très jeune, ou du moins tu le parais, et tu vis dans une si complète indépendance, que les hommes d’un âge mûr ne savent pas toujours en conquérir de semblable. Nous ignorons d’où tu viens, et tu n’as aucun moyen connu d’existence. Tu as déjà couru tous les recoins des cinq parties du monde ; tu possèdes