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Page:Loti - Aziyadé.djvu/90

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me fais pas d’illusion cependant : c’est de sa part un grand enthousiasme d’enfant. Un beau jour, tout s’en ira en fumée, et je me retrouverai seul.

Ton affection à toi, ma sœur, j’y crois dans une certaine mesure ; affaire d’habitude au moins, et puis il faut bien croire à quelque chose. Si c’est vrai que tu m’aimes, dis-le-moi, fais-le-moi voir… J’ai besoin de me rattacher à quelqu’un ; si c’est vrai, fais que je puisse y croire. Je sens la terre qui manque sous mes pas, le vide se fait autour de moi, et j’éprouve une angoisse profonde…

Tant que je conserverai ma chère vieille mère, je resterai en apparence ce que je suis aujourd’hui. Quand elle n’y sera plus, j’irai te dire adieu, et puis je disparaîtrai sans laisser trace de moi-même…


XXV

LOTI À PLUMKETT

Eyoub, 15 novembre 1876.

Derrière toute cette fantasmagorie orientale qui entoure mon existence, derrière Arif-Effendi, il y a un pauvre garçon triste qui se sent souvent un