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Page:Loti - Fleurs d’ennui, 1893.djvu/24

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Il n’y a rien dans tout cela que de très naturel, seulement vous vous livrez, sur le commencement de la fin des choses, à des réflexions qui sont hors de propos. Songez donc, mon cher Loti, qu’il ne s’agit que de la fin d’une bouteille ; et encore cette bouteille que vous preniez pour un clocher n’était vide que parce que vous l’aviez bue ; or, il n’est pas raisonnable d’exiger que les flacons auxquels on boit ne se vident pas.

Au commencement de la vie, toutes les coupes sont pleines : buvez lentement, si vous voulez qu’il vous reste quelque chose sur le tard. Ne buvez pas trop les vins capiteux, car alors, vous ne sauriez plus sentir, les saveurs douces et saines…

LOTI. — Mon cher Plumkett, votre explication de mon rêve est idiote. Vous savez bien que je suis aux trois quarts musulman, et que je n’ai été gris qu’une fois dans ma vie : c’était à New-York, un soir où j’avais été convié à un banquet d’une société de tempérance. Les policemen m’avaient rapporté à mon bord.

PLUMKETT. — N’interrompez pas, Loti, pour dire des inepties, quand par hasard je dis des choses graves. C’est vrai, je suis tombé par malheur sur le seul défaut que vous n’ayez pas ; mais je parlais par images, comme ces orientaux que vous aimez. Il est d’autres ivresses plus dangereuses que celles du vin, et celles-là Loti, vous les connaissez…

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