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Page:Loti - Fleurs d’ennui, 1893.djvu/68

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ont perdu leurs jeunes hommes, leurs moissons, leurs villages ; et à présent ils sont tombés épuisés sous le joug d’un autre maître, qui les a étiquetés et réglementés à la manière germanique…


J’ai fini ma petite histoire. Contez-m’en une, Plumkett.


PLUMKETT. — Mon cher Loti, je craindrais qu’elle ne fût encore plus fastidieuse que la vôtre.

D’ailleurs mon terrain à moi n’a jamais été bien fleuri ; c’est une espèce d’Herzégovine. Jadis c’était une lave ardente ; aujourd’hui c’est une grande lande jonchée de pierres ponces en ce moment-ci, rien n’y pousse, — pas même une fleur jaune.

Reprenez donc la parole, je vous prie, — et tâchez une bonne fois de trouver des héros qui ne soient ni Turcs, ni Slaves, ni vous surtout ; car toujours la même chose, cela finit par agacer à la longue.

LOTI. — Allons, c’est bon. Je continue.

Je pense, en ce moment, à une rencontre de baleines que je fis, il y aura tantôt dix ans, à cent milles Sud-Ouest des îles Malouines. Je vais vous décrire cette entrevue.

Vous les connaissez comme moi, ces parages australs, où l’on trouve les grandes houles. Quand on y trouve aussi des baleines, rien de plus naturel ; mais cette