Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ce siècle finissant. Mais d’autres âmes sont pareilles et pourront me suivre ; nous sommes quelques-uns de l’angoisse sombre d’à présent, quelques-uns d’au bord du trou noir où tout doit tomber et pourrir, qui regardons encore, dans un inappréciable lointain, planer au-dessus de tout l’inadmissible des religions humaines, ce pardon que Jésus avait apporté, cette consolation et ce céleste revoir… Oh ! il n’y a jamais eu que cela ; tout le reste, vide et néant, non seulement chez les pâles philosophes modernes, mais même dans les arcanes de l’Inde millénaire, chez les Sages illuminés et merveilleux des vieux âges… Alors, de notre abîme, continue de monter, vers celui qui jadis s’appelait le Rédempteur, une vague adoration désolée…

Vraiment, mon livre ne pourra être lu et supporté que par ceux qui se meurent d’avoir possédé et perdu l’Espérance Unique ; par ceux qui, à jamais incroyants comme moi, viendraient encore au Saint-Sépulcre avec un cœur plein de prière, des yeux pleins de larmes, et qui, pour un peu, s’y traîneraient à deux genoux…