Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/20

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emplissant des outres en peau de mouton et les chargeant sur des ânes. Interminables débris de murailles, de portes, amas de ruines sous des palmiers. Et enfin, le silence de la campagne, les champs d’orges, les bois d’oliviers séculaires, le commencement de la route sablonneuse de Jérusalem, où nos gardes nous quittent.

Nous laissons cette route sur notre gauche, pour prendre, dans les orges vertes, les simples sentiers qui mènent à Hébron. Notre arrivée dans la ville sainte sera retardée de quarante-huit heures par ce détour, mais les pèlerins font ainsi d’habitude pour s’arrêter au tombeau d’Abraham.

Environ dix lieues de route aujourd’hui, dans les orges de velours, coupées de régions d’asphodèles où paissent des troupeaux. De loin en loin, des campements arabes, tentes noires sur le beau vert des herbages. Ou bien des villages fellahs, maisonnettes de terre grise serrées autour de quelque petit dôme blanchi à la chaux, qui est un saint tombeau protecteur.

Sur le soir, le soleil, qui avait été très chaud, se voile peu à peu de brumes tristes, semble n’être plus qu’un pâle disque blanc ; alors, nous prenons conscience du chemin déjà parcouru vers le nord.

En même temps, nous sortons des plaines d’orges,