Aller au contenu

Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pèlerins noirs, qui chantent en voix suraiguë, en fausset de Muézin. Je n’ai le droit de regarder que de loin ce qui se passe devant les autels, mais tout cela est inquiétant, idolâtre et sauvage ; on dirait, dans les âges passés, le culte de quelque Isis ou de quelque Baal…



Autant cette place du Saint-Sépulcre, constamment ouverte à tous, est étroite, écrasée et sombre, autant il y a d’espace, de vide et de silence, là-bas, autour de la mosquée bleue.

Depuis quinze jours que je n’étais venu dans ce désert de l’Enceinte Sacrée, le printemps y a travaillé beaucoup ; entre les vieilles dalles blanches, l’herbe a monté, les coquelicots et les marguerites ont fleuri avec une profusion nouvelle.

Aujourd’hui, sous les quelques arbres centenaires, groupés çà et là au hasard, sont assises à l’ombre, les pieds dans les fleurs, des femmes arabes qui, à notre approche, se voilent jusqu’aux yeux. Mais l’espace est si grand, que leur présence y est comme perdue, et c’est la solitude quand même.

Aux abords immédiats de la mosquée, où les dalles sont plus intactes, où l’herbe est moins haute et