Aller au contenu

Page:Loti - Japoneries d’automne, 1926.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour exprimer la mélancolie et le mystère de ce site où se passe cet ensevelissement de robes ; des mots pour rendre ce silence d’abandon, ce vent froid d’un soir d’automne passant sur cette haute terrasse, — et, à nos pieds, cette longue vallée verte où fut une ville, et ces jardins déserts d’en bas, et ces étangs de lotus…



Il ne reste plus au-dessus de l’horizon qu’un dernier bord de soleil jaunâtre, quand nous nous asseyons dans nos chars-à-bras pour repartir. Au crépuscule, nous refaisons en sens inverse la même route que ce matin, à travers les mêmes rizières, entre les mêmes chaînes de petites collines nous bornant la vue, dans le même dédale de petites vallées.

Le ciel achève de se couvrir d’un grand nuage tout d’une pièce qui tombe comme un voile, et une ondée passe sur nous, mouillant les feuillages jaunis, accentuant cette senteur de novembre qu’exhalent le sol et les plantes.

C’est la saison du seul fruit qui, au Japon, mûrisse en abondance : le kaki, semblable à une orange un peu allongée, mais d’une couleur plus belle encore, lisse et brillant comme une boule en or bruni. Tout le long du chemin, nous