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Page:Loti - Japoneries d’automne, 1926.djvu/180

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l’entrée, qui n’est rien, paraît-il, auprès des étonnements échelonnés plus haut.

Et nous sortons par une porte du fond, qui nous mène dans le jardin le plus singulier du monde : c’est un carré plein d’ombre, enfermé entre les cèdres de la forêt et la haute paroi rouge du sanctuaire ; en son milieu se dresse un très grand obélisque de bronze, flanqué de quatre autres plus petits, et couronné d’une pyramide de feuillages d’or et de clochettes d’or ; — on dirait, dans ce pays, que le bronze et l’or ne coûtent pas ; à profusion, on les emploie partout, comme chez nous les matériaux vils, le plâtre et la pierre. — Tout le long de cette muraille couleur de sang qui forme le derrière du temple, il y a, à hauteur humaine, pour animer ce jardin mélancolique, une série alignée de petits dieux en bois, de toutes formes et de toutes nuances, qui regardent l’obélisque, les uns bleus, les autres jaunes, les autres verts ; les uns ayant des figures d’homme, les autres des figures d’éléphant : compagnie de nains d’un comique trop extraordinaire, qui n’égaie pas.

Pour nous rendre à d'autres temples, nous cheminons de nouveau sous bois, à l’ombre humide et obscure, dans les avenues de cèdres qui montent, descendent, se croisent en sens divers, et sont les rues de cette ville des morts.

Dans les allées, nous marchons sur un sable fin, semé de ces petits piquants bruns qui tombent