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Page:Loti - Japoneries d’automne, 1926.djvu/198

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naturelles. Cela représente des animaux et des plantes ; sur les murs, des feuillages légers en relief, des bambous, des graminées d’une finesse extrême, des lianes d’où retombent des grappes de fleurs ; des oiseaux à grand plumage, paons, faisans ou phénix la queue déployée. Aucune peinture, aucune dorure ; ici, l’ensemble est sombre, le ton général est celui du bois mort ; mais chaque feuille de chaque branche est faite d’un morceau différent ; et aussi chaque plume de chaque oiseau, de manière à former, sur les gorges et sur les ailes, des nuances dégradées, presque changeantes.

Et enfin, enfin, derrière toutes ces magnificences, le lieu le plus saint, qu’on me montre en dernier, le lieu étrange entre les plus étranges : la petite cour funèbre qui renferme le tombeau. Elle est creusée dans la montagne, entre des parois rocheuses d’où l’eau suinte : les lichens et les mousses y font des tapis humides et les grands cèdres d’alentour y jettent leur ombre noire. Il y a là un enclos de bronze, fermé par une porte de bronze, qui est marquée en son milieu d’une inscription d’or, — non plus en langue japonaise, mais en langue sanscrite pour plus de mystère ; porte massive, lugubre, inexorable, extraordinaire au delà de toute expression, et qui est comme l’idéal même de la porte de sépulcre. Au centre de l’enclos, une sorte de guérite ronde