De une heure de l’après-midi à cinq heures du soir, voyage en train express, avec des Japonais quelconques en costumes mi-partis : ulsters du Pont-Neuf à longs poils, sur des robes nationales en coton bleu.
Vers dix heures, arrêt de quarante-cinq minutes, bien imprévu, à Hakoni, le lieu de bifurcation entre la ligne d’Yeddo que je quitte et celle d’Yokohama que je vais prendre, pour aller rejoindre mon navire en rade. Une petite station de rien du tout, pas de salle d’attente, et le village très loin. Me voilà seul, dehors, dans le noir glacial de la campagne, une nuit de gelée, n’ayant pas dîné et ne sachant que faire.
Au bout d’un sentier, une maisonnette m’apparaît ; un de ses panneaux est entr’ouvert et laisse passer la raie lumineuse d’une lampe. Maison-de-thé, ou habitation particulière ? J’entre pour voir.
Un appartement vide, assez soigné dans sa nudité ; au plafond, une veilleuse suspendue ; des nattes irréprochables. Personne, et pas l’ombre d’un meuble ; mais, accrochés aux murs, trois ou quatre petits cornets en bois, d’une forme distinguée, d’où sortent des fougères sauvages mêlées à des fleurs de roseau, le tout arrangé avec une grâce légère. Et nous sommes dans un hameau perdu, chez de pauvres cultivateurs ou des aubergistes campagnards ! Parmi nos paysans de