de ses joues, partout, sous le bronze doucement poli et presque mat de sa peau.
Et puis elle s’exprime très bien, pour une enfant paysanne ; elle se fait un jeu des conjugaisons compliquées et pompeuses en dégosarimas, elle met les particules honorifiques, en o et en go, non seulement devant mon nom, mais devant les choses qui m’appartiennent ou me sont destinées, comme mon thé, mon sucre, mon riz. Oh ! la délicieuse et impayable petite créature !
Je lui demande son âge, par politesse : au Japon, un homme bien élevé doit toujours s’informer de l’âge d’une dame.
— Dix-sept ans ! — Je m’en doutais, toutes les mousmés ont dix-sept ans quand on les questionne. Dans le fond, je pense qu’elle n’en sait rien au juste, celle-ci pas plus que les autres, et puis cela m’est bien égal.
…Mais voici que peu à peu la vision splendide, le rêve d’or de la Sainte Montagne, qui me poursuivait depuis Nikko, s’éloigne, pâlit, me paraît une grande chose fastidieuse, vaine et morte, — comparée à une simple petite fille… Du reste ils donneraient volontiers, je pense, leur éternité de laque et de bronze, ces empereurs passés qui dorment là-bas, pour en être encore à ces instants fugitifs où les yeux sont grands ouverts sur les réalités de ce monde et peuvent, à eux seuls, eni-