Page:Loti - Japoneries d’automne, 1926.djvu/245

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chez les Européens qui les ont longtemps pratiqués en plein Japon !… Et puis la laideur de ce peuple m’exaspère ; ses petits yeux surtout, ses petits yeux louches, bien rapprochés, bien dans le coin du nez, pour ne pas troubler les deux solitudes flasques de joues…

Mes coureurs commencent à tirer la langue. Nous voici dans certaine grande rue où passent des tramways sur rails, et où sont établis les principaux marchands d’étoffes, de soieries magnifiques. Toujours les mêmes maisonnettes basses, les mêmes vieilles maisonnettes de bois. À un coin là-bas, il y a ce grand magasin qui est comme leur « Louvre » ou leur « Bon Marché ». Sur toute sa longueur, il est garni lui aussi de tentures en drap noir avec ornements blancs qu’on dirait posés par la compagnie des pompes funèbres en vue d’un enterrement de première classe. Sans doute, aujourd’hui, c’est la grande mise en vente des articles d’hiver, car les dames à beau chignon affluent, bourdonnent comme autour d’une ruche ; leurs petits chars et leurs coureurs encombrent la voie. Aucune d’elles, Dieu merci, n’a encore eu l’idée d’altérer son costume national, et il y en a dans le nombre de très gentilles, de très amusantes à regarder. On leur distribue à la sortie des écrans réclames, papier de riz tendu sur bambou, où sont représentés, en invraisemblable perspective, le magasin lui-même, ses orne-