Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/111

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là, dans des médaillons entourés de rinceaux polychromes ; mais le patient et prodigieux travail des mosaïstes sur le sol est resté gondolé et bossué, depuis qu’un jour la basilique primitive s’est effondrée sur ses myriades de parcelles de marbre. En effet, un nommé Attila — qui jouait les Guillaume II de son époque — était passé par ici et avait éprouvé le besoin de tout détruire ; certes, il travaillait moins en grand, ce dernier, que le démoniaque de Berlin, n’ayant pas eu comme lui la chance de vivre à notre époque de progrès et de pouvoir mettre les bienfaits de la science au service de sa rage ; c’était cependant déjà bien, ce qu’il faisait, et il s’inspirait des mêmes principes, — à cette différence toutefois qu’il s’épargnait le ridicule d’implorer sans cesse la bénédiction de « Dieu le père ». Les races futures ; qui confondront dans la même horreur ces deux êtres abominables, ne souriront jamais d’Attila, tandis que Guillaume, avec sa bondieuserie pour imbéciles agrémentée de prêches et de prières, recueillera l’ironie en même temps que le dégoût.

Après le passage du « fléau de Dieu », —