Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/174

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et de juste haine : alors, voilà ce qu’ils ont fait de notre France, les sauvages d’Allemagne ; et ils sont encore impunis ! Et lui, le Monstre des Monstres, qui les a déchaînés sur nous, non seulement il est vivant, il est en liberté, mais il continue même de faire illusion à toute une aveugle lie humaine qui l’entoure !…


La désolation et l’horreur ! Elles oppressaient moins naguère encore, aux derniers beaux jours d’été, quand des fleurs égayaient nos ruines, quand des jasmins, des vignes vierges tapissaient délicieusement les murs des maisons éventrées, les porches croulants des églises ; et puis nos soldats, en mouvement là partout, semblaient plus alertes et joyeux au clair soleil de septembre. Mais, aujourd’hui, l’emprise d’un quatrième automne a commencé, avec une brusquerie que l’on n’attendait pas, tout a changé sous la pluie glaciale et le ciel noir ; je ne les reconnais pour ainsi dire pas, ces mêmes cinquante kilomètres de ma zone actuelle, que j’ai déjà parcourus cent fois, — et qui ne sont du reste qu’une partie quelconque de nos im-