Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/206

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faïence bleu pâle, leurs yeux à lunettes ; ils scrutent avec avidité, paraphrasent, alourdissent, tirent des applications pratiques auxquelles nous n’avions pas eu la patience de nous arrêter, et puis démarquent, battent de la grosse caisse par là-dessus, et le tour est joué. Devant ce que nous avions méprisé d’abord, nous nous pâmons tous[1] !

  1. Deux exemples, entre mille, de leur bluff scientifique et de notre belle crédulité :

    1o On se rappelle l’énorme réclame faite naguère autour de l’injection du docteur Koch : c’était la tuberculose vaincue, c’était la science allemande libératrice de l’humanité, etc., etc. Et, comme les Allemands ne perdent jamais de vue le côté pratique, une société se fonda aussitôt pour l’exploitation pratique de la substance merveilleuse. En France, bien entendu, on s’empressa de l’employer, — jusqu’à l’heure où l’on constata que l’injection ne tuait point les bacilles, mais les malades, qui, pour la plupart, en mouraient même sur le coup ;

    2o À la séance solennelle de clôture du Congrès de la tuberculose, à Paris en 1905, on avait gardé pour le bouquet une communication du docteur allemand Behring, qui prétendait avoir trouvé, pour tout de bon cette fois, un vaccin contre la tuberculose, une substance qu’il appelait T. C. Le même jour, un grand journal parisien avait publié un article retentissant sur ce sujet, avec le portrait de l’auteur. À la séance, le succès tourna au délire, et peu s’en fallut que l’Allemand ne fût emporté en triomphe.

    Le T. C. était obtenu en dépouillant successivement les cultures des bacilles par l’eau, l’eau salée, l’alcool et l’éther. Sous action de cette substance, inoculée à un organisme, il se produisait dans ledit organisme une autre substance