Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/227

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec la plus extrême simplicité distinguée et où flottait un discret parfum. Deux des fées, averties de ma présence, arrivèrent aussitôt par une petite porte du fond ; c’étaient même les cheffesses des autres fées d’alentour : deux femmes, grandes, sveltes, suprêmement élégantes l’une et l’autre dans leurs costumes d’une humilité voulue, couleur bleu horizon comme ceux de nos soldats. Chacune fumait sa cigarette, — une cigarette orientale répandant la plus fine odeur de là-bas.

— Il faut nous excuser, dirent-elles, sans notre cigarette nous ne nous sentons bonnes à rien.

Et elles m’en offrirent, dans leurs petites boîtes d’or, ce qui tout de suite nous mit en sympathie… Je me serais senti gêné tout de même, comme un intrus, avec mon air d’être venu les interviewer, sans leur aisance communicative et leur exquise belle humeur.

— Ce que nous faisons, me répondirent-elles en riant, mais toutes sortes de choses. Nous bâtissons, nous défrichons. Nous vendons aussi, et nous vendons de tout, nous tenons de tout : des conserves, des lits, des poêles, des souliers, des vaches en vie…