Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/99

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pendues, et un soleil desséchant, tout à fait torride, les accompagne aujourd’hui, surchauffe sans merci ce pays des pierres, que son altitude ne rafraîchira que ce soir, — mais rafraîchira trop soudainement du reste, dès que tombera la nuit.

Voici même des canons qui grimpent à travers champs, — si l’on peut dire ainsi dans une contrée où les champs n’existent pas ; ils sont attelés à d’énormes tracteurs, de toute récente invention italienne, pour lesquels il n’y a plus d’obstacles. Je m’imaginais jusqu’à ce jour que les roues, pour bien rouler, devaient être rondes ; eh bien, c’était une erreur surannée ; les roues de ces machines nouvelles sont absolument biscornues, mais, par un puissant mécanisme que je ne dois qu’indiquer, elles n’en roulent que mieux ; elles sont grimpeuses, agrippantes et ne dérapent jamais. En tête de l’attelage, marche naturellement le tracteur, qui porte tous les servants de la pièce ; l’affût est attaché derrière, avec les munitions, et derrière encore vient le canon lui-même, qui fait allègrement son escalade, la gueule en bas, se dandinant et sautillant, camouflé en innocente