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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/149

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ne s’étendent plus guère que d’étroites ruelles couvertes, des murailles de jardins ou de palais, puis de primitives banlieues construites en terre rose et sentant le voisinage des déserts. Le bazar, lieu immense où l’on se perd, dans la constante pénombre des voûtes. Avenues de mille mètres de long, bordées d’innombrables échoppes où miroitent les choses orientales : les armes, les faïences, les meubles peinturlurés ou incrustés de nacre ; les cuivres, ciselés fin comme des dentelles ; les costumes de nuances rares ; les étonnantes indiennes bariolées dont s’habillent les gens du peuple, ou bien les belles soies de Brousse et les soies de Damas ; puis les soies d’Alep qui, sur des fonds d’esquisses couleurs, sont semées de flammèches blanches.Comme chez nous au moyen âge, les marchands sont groupés par catégories : il y a, dans le vieux labyrinthe obscur, le quartier des drapiers, le quartier des armuriers, le quartier des orfèvres et le quartier des guenilles… Celui des selliers, qui est plus à ciel libre, coupé de fontaines et de platanes géants, contient toutes les fantaisies arabes pour chevaux, mulets, ânons ou chameaux ; tout ce dont il est d’usage d’affubler les bêtes, entre Damas et Bagdad : selles en velours chamarré d’or on bien en peau de panthère ; broderies de perles et de coquillages ;