Aller au contenu

Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

enlevées à des temples antiques : déséquilibrées tout à coup, elles tombèrent les unes contre les autres et se brisèrent sur les dalles, irréparablement. Depuis, on a tout laissé tel quel, en attendant une décision du khalife ; mais les hommes de nos jours n’ont plus les moyens de refaire de telles magnificences, et c’est d’ailleurs bien dans le sentiment de l’Islam de se soumettre en baissant la tête devant les destructions qui semblent fatales. La cour de la mosquée, qui subsiste toujours, a l’étendue d’une place de grande ville entre ses rangées d’arcades blanches. Pieusement on se déchausse encore pour y entrer, bien qu’elle soit semée de pierres et de décombres — et aujourd’hui même de nombreux fidèles y sont prosternés le front contre terre. Mais, dans la partie qui fut le sanctuaire des Ommiades, on a cessé de venir prier, à cause des amas de débris et des colonnes abattues. Çà et là, décorant des arceaux demeurés debout, brillent des restes de mosaïques ; sur des fonds d’or byzantin, quelques raides palmiers ou des branches de naïves fleurs. Et par terre, les milliers de petits morceaux scintillants, dont ces mosaïques avaient été si patiemment composées, couvrent, saupoudrent les tas de plâtras et de planches noircies ; on dirait qu’une grêle