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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/172

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leur bruit au dehors ; et un hymne de triomphe s’élève puissamment sous les voûtes, tandis que des choristes enfants soutiennent sans fin deux ou trois mêmes notes en mélopée, qui se traînent au milieu du chant et de la fusillade comme de longs cris funèbres. Le printemps oriental prête sa splendeur à ce dimanche de Pâques. Et, devant tant de confiance et de fête, on ne s’imagine plus ces grands massacres, encore si peu éloignés de nous, tout ce sang qui, il y a trente-cinq années, à peine, coulait ici à pleins ruisseaux. Ce que l’on montre à Damas en fait de souvenirs des apôtres ou des premières époques chrétiennes est contestable et confus. Le lieu dit de la conversion de saint Paul n’est déjà plus celui que la tradition primitive avait consacré avant les Croisades. Seule, la « maison d’Ananias » paraît authentique ; elle est souterraine aujourd’hui et se compose de petites salles voûtées où les Latins ont mis une chapelle. Mais les souvenirs des grandes époques musulmanes y sont innombrables : les palais, les kiosques funéraires, les bains, les portiques, les bibliothèques, et les écoles jadis célèbres, aujourd’hui délaissées. Tout cela, d’un accès encore difficile aux étrangers, enclavé dans les petites murailles de terre carminée et