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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/175

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Une très sainte route traverse ce faubourg de Meïdan, aboutit à la « Porte de Dieu » et se continue vaguement dans l’infini des déserts : la route de la Mecque ! C’est par là que s’en va, chaque printemps, vers les villes du Prophète, la pieuse caravane qui, depuis des siècles, se forme à Damas, point initial des pèlerinages. Elle a perdu de son importance, il est vrai, la caravane séculaire, maintenant que des navires à vapeur conduisent directement des milliers de pèlerins à Djeddah ; les Algériens, les Tunisiens, les gens du sombre Moghreb, et aussi presque tous les Turcs de la Turquie d’Europe ont cessé devenir prendre ici la suite de ce lent et innombrable cortège, dont le passage est l’événement annuel des déserts d’Arabie ; mais les Persans, les Circassiens, les Kurdes, les Musulmans du fond de l’Asie se réunissent encore à Damas, pour se mettre en marche ensemble avec le cérémonial des vieux âges — et, à leur tête, cheminent toujours ces pompeux chameaux empanachés de plumes d’autruche qui partent à la fin de l’hiver de Constantinople, pour arriver ici à travers l’Asie Mineure, portant sur leur dos, dans des housses de velours brodé d’or, les présents du khalife à la mosquée de la Ka’aba. Cette année-ci, nous avons failli la croiser en Idumée, la grande caravane. Elle sera de retour à