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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/19

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et les montagnes mouillées, dans un pays toujours sans arbres. En chemin, croisé plusieurs bandes de Syriens, de Syriennes aux vêtements chamarrés et aux jolies figures, qui chevauchent comme nous malgré la pluie, se rendant à quelque pèlerinage. J’ai négligé de dire au début que notre caravane se compose de mon ami Léo et de moi ; d’un guide arabe, à cheval comme nous ; de deux domestiques syriens sur des mules, de huit [huits] mulets porteurs de nos tentes et de cinq muletiers. Après sept heures de route, à un tournant de ravin, apparaît enfin Naplouse, une grande ville turque de minarets et de coupoles, toute blanche aux pieds de hautes montagnes couvertes d’oliviers et de cactus ; Naplouse, qui serait peut-être charmante sans l’inexorable pluie, sans les nuages d’hiver. C’était l’antique Sichem de la Genèse, qui fut mêlée à toutes les sanglantes tourmentes d’Israël et qui, un millénaire environ avant Jésus-Christ, devint pour un temps rivale de Jérusalem après le schisme des dix tribus. Plus tard, ce fut la Flavia Neapolis de Vespasien. Et enfin, pendant la période éphémère du royaume des Francs, ce fut un instable évêché, constamment maintenu sur le pied de guerre. Aujourd’hui, c’est une intransigeante ville musulmane