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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/197

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de caverne, chez le vieux Baal, dans un lieu d’adoration qui remonte à cette période des Grandes Pierres, commune à toutes les races commençantes. Deux couloirs parallèles, longs d’une centaine de mètres, et un troisième transversal, tous formés par des alignements de blocs cyclopéens de huit ou dix mètres de face : construction faite pour les durées infinies et qui a déjà vu des millénaires passer sans en être aucunement dérangée. Jadis, sans doute, ces avenues étaient à ciel libre ; le Dieu Fécondant et Pourrisseur y laissait tomber, pendant les étés des âges lointains, sa plus jeune et plus dévorante lumière. Puis, dans la suite des siècles, elles ont été recouvertes de lourdes voûtes, les unes romaines, les autres plus anciennes encore, de façon à composer une sorte de ténébreux sous-sol pour les temples des époques postérieures, consacrés au même maître éternel qui avait seulement changé son nom phénicien de Baal contre celui d’Hélios. C’est au moment où s’élevaient cesprodigieux sanctuaires nouveaux que ce lieu s’est passagèrement appelé Héliopolis, la Ville-du Soleil ; mais, nulle part en Orient, des appellations gréco-romaines n’ont pu tenir contre les noms primitifs, et, à la longue, Héliopolis est redevenue Baalbek. Au sortir de ces avenues terribles, on débouche