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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/199

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de l’impuissance où seraient les hommes de ce siècle, non seulement à rien produire de pareil, mais même à rien réparer, à rien relever dans ce chaos de décombres trop lourds. Le lieu est solitaire, d’une désolation et d’un silence infinis. Là-bas, un berger bédouin passe comme un petit pygmée étrange sur une corniche de temple ; quelques chèvres, grimpées sur des sculptures précieuses, broutent l’herbe des ruines — et, au loin, la chaîne du Liban toute blanche de neiges apparaît entre les colonnes brisées, au-dessus des amoncellements de grandes pierres. L’ensemble est terrifiant sous les nuages sombres. Pour comprendre un peu le plan général de ces temples, dont on ne saisit d’abord que la confusion et la grandeur, il faut se rendre, à travers le désarroi des choses, jusqu’à l’extrémité Est de l’acropole, où jadis se trouvaient les entrées, puis revenir sur ses pas, suivre ainsi la route que prenaient les adorateurs des anciens dieux pour pénétrer jusqu’aux plus immenses sanctuaires du fond. Ces entrées, ces propylées magnifiques, auxquelles on devait accéder autrefois par un escalier monumental, ont été murées il y a quelque mille ans par les Sarrasins, avec des morceaux, des bribes encore