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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/202

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rouge dont le sol est jonché, et renfermer des statues aujourd’hui détruites. Et à la frise supérieure de ces enceintes, au-dessus de tout, courent d’interminables guirlandes, en haut relief, de feuillages, de fleurs et de fruits. Cela est déjà un monde, représentant une étonnante dépense de matière et de force, ayant épuisé sans doute la vie d’une légion d’hommes pendant des années. Mais ce n’est encore que le quartier des prêtres, que le vestibule des dieux. Ces deux cours franchies, on arrive enfin devant les grandes merveilles du fond : à gauche, le temple monstrueux de Jupiter, et, juste en face, dans l’alignement même des propylées, l’inimaginable temple du Soleil, dominant tout de sa stature souveraine, élancé et presque aérien, avec sa svelte colonnade de vingt à vingt-cinq mètres — presque deux fois haute comme les plus hautes maisons de nos villes européennes. De ces deux temples, le moins détruit est celui de Jupiter, sans doute parce qu’il était plus trapu, plus lourdement assis sur ses bases éternelles, plus résistant aux assauts des hommes et aux secousses du sol. Devant l’entrée, gisent des amas de débris monstrueux, tronçons monolithes des colonnes, blocs