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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/21

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blanche, c’est là une illusion donnée par un revêtement superficiel de chaux sur ses toits de pierre, sur ses minarets et ses coupoles. Intérieurement, elle ressemble à Jérusalem ; c’est la même décrépitude et la même obscurité. A part deux grandes voies, que bordent des maisons turques à quatre ou cinq étages mystérieusement fermées et grillées, le reste n’est qu’une confusion de petits passages et détours maintenus dans une demi-nuit sous d’antiques voûtes. La pluie partout nous accompagne  ; à l’abri dans les parties voûtées, nous sommes d’autant plus inondés après, dans les endroits à ciel ouvert, par les ruisseaux que vomissent sur nous les vieux toits ; nous pataugeons dans la boue gluante, ne rencontrant que de rapides passants drapés de laine ou bien des troupes de mauvais chiens crottés. — De l’Orient mouillé et boueux, c’est une chose qui ne va plus, qui déroute, qui tout de suite devient sinistre — et que pourtant j’aime encore. — Au passage, nous reconnaissons des vestiges de tous les âges antérieurs : dans les murailles arabes, des fragments de colonnes antiques, de sarcophages phéniciens ou grecs, et des lambeaux d’inscriptions coufiques ou samaritaines. Les mosquées, dont la plus grande rappelle extérieurement le Saint Sépulcre, ont été jadis des temples païens, ou des basiliques byzantines, ou des églises