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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/23

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livre saint que le Pentateuque et repoussent comme mensonger tout ce qui est postérieur à Moïse. Ils attendent un vague Messie qui doit reconstruire, sur le Garizim, leur grand temple détruit depuis deux mille ans. Le plus étrange de leur longue histoire tourmentée est qu’ils existent encore ; de tout temps persécutés, deux ou trois fois passés au fil de l’épée, égorgés en masse dans leur sainte retraite du Garizim, on les croyait disparus de la terre quand, au XIV e siècle, Benjamin de Tudèle signala la présence de quelques centaines d’entre eux à Naplouse ; et ils sont encore deux ou trois cents aujourd’hui, qui vivent séparés du reste des hommes, confinés dans l’observation d’un fantôme de culte. Nous pénétrons maintenant dans leur quartier, qui semble vide et où toutes les fenêtres sont closes. Leur temple seul est ouvert. La porte, basse et misérable au milieu d’un vieux mur, donne accès d’abord dans une très petite cour mélancolique, où des orangers tout ruisselants de pluie, tout blancs de fleurs, mêlent leur parfum à celui de la terre mouillée. Le sanctuaire, qui vient ensuite, est une salle obscure paraissant tenir à la fois de la mosquée et de la synagogue ; des murailles nues, peintes de chaux immaculée, et, par terre, des nattes blanches. Nous ôtons nos babouches et nous entrons.