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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/25

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siècle avant Jésus-Christ). Il réside ici même, caché sous des rideaux de serge verte, dans une niche de la muraille épaisse, et on l’apporte, pour nous le faire voir, près de l’entrée du petit temple, dans la lueur terne qui arrive du dehors, qui tombe du ciel avec la pluie. C’est d’abord, enveloppé de soie blanche, un cylindre en bronze recouvert de caractères et de figures symboliques ; puis, dans une seconde gaine, faite d’une vieille soie verte, apparaît un rouleau sans fin criblé de minuscules et mystérieuses lettres — lettres phéniciennes, celles que les Hébreux employaient avant la captivité de Babylone. Les cinq livres de Moïse sont écrits là d’affilée, grimoire qui se prolonge sur une longueur de plusieurs mètres et d’où se dégage un imprécis effroi. Il est unique, ce livre qui depuis plus de deux mille ans n’a cessé de servir, ni d’être vénéré ; qui est le talisman et la raison d’être de tout un petit groupe humain, débris persistant d’un peuple anéanti. Et on s’explique à peine comment une relique d’une si inestimable valeur a pu rester aux mains de cette communauté misérable, à notre époque où s’achètent toutes choses. Quand le Pentateuque a été de nouveau roulé, avec des soins infinis, puis replacé dans son étui de