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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/34

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nous reconnaissons l’étui de bronze incrusté d’argent qui renferme le précieux Pentateuque. C’est dans l’après-midi, nous dit-il, qu’aura lieu le sacrifice de la Pâque — et une petite fosse est là préparée, où les agneaux blancs seront égorgés. On nous presse de rester ; mais un égorgement d’inoffensives bêtes ne peut que nous être pénible à voir, même s’il s’accomplit suivant les plus vieux rites mosaïques ; d’ailleurs, ces Samaritains nous ont un peu déçus, par leurs allures trop modernisées, et nous allons descendre au plus tôt du Garizim, continuer notre route pour arriver demain soir à Nazareth. Sur un plateau voisin, qui est le plus élevé de la montagne sacrée, de gigantesques et confuses ruines nous arrêtent. C’est là le vrai sommet du Garizim, qui fut pendant des millénaires, comme le sommet du Moriah, un lieu d’adorations et de massacres. Parmi les broussailles, dorment des débris de tous les âges. Des enceintes de grandes pierres antiques sont restées debout, encore imposantes et presque indestructibles. De nombreuses fondations se superposent et s’enchevêtrent : vestiges du temple samaritain de Jéhovah, construit par Sannabalète au commencement du V e siècle, avant Jésus-Christ, et détruit par Hyrcan ; vestiges du temple de Jupiter qui lui succéda deux cents ans plus tard ; puis