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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/36

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Un peu au-dessous de nous et à un millier de mètres de distance, sur une autre cime de la même montagne, s’agite le petit campement de ces Samaritains qui n’ont plus de temple ; débris d’un peuple qui s’entête à durer, à travers les exterminations et les siècles, ils sont là comme ces plantes obstinées que la main de l’homme n’arrive jamais à chasser du sol par elles choisi… Ils sont du reste le seul groupe animé qui apparaisse dans nos alentours immenses. Du haut de ce grand sommet mort, nous découvrons des étendues sans fin, presque abandonnées de la vie. Toute la vallée du Jourdain se dessine au Levant ; du côté du Couchant et du Sud, se déroulent les montagnes d’Ephraïm, la plaine de Saron ; et, à l’extrême lointain, un vague désert bleu, qui est la Méditerranée, semble monter jusqu’à mi-ciel… Pendant la descente rapide, dangereuse pour nos chevaux, nous croisons encore des groupes de Samaritains et de Samaritaines ; tous les retardataires, que la pluie avait retenus dans leurs logis et qui se hâtent aujourd’hui de monter au Garizim pour la Pâque. Ils traînent avec eux mille choses comme s’ils comptaient longuement stationner là-haut : des provisions, des amphores, des coussins, des tapis. Et il y a de jolies