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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/43

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une sorte d’esplanade où se voient encore de grandes colonnes à moitié enfouies dans la terre, et qui semble être le lieu où Achab et Jézabel avaient élevé leur temple à Baal. Puis, nous nous dirigeons de nouveau vers le minaret blanc, pour faire la balte et le repas du milieu du jour, à l’ombre, dans la cour de la mosquée. Et, quand nous sommes assis dans cette cour où croît un grand palmier solitaire, le cheikh du village vient nous souhaiter la bienvenue, tous les hommes de Samarie s’approchent peu à peu, nous entourent pour causer, pour nous vendre des médailles, des vases, des cornalines gravées, des débris trouvés dans des tombeaux. C’était jadis l’église de Saint-Jean-Baptiste, cette mosquée, — une église magnifiquement construite par les Croisés francs, vers la fin du XII e siècle, sur remplacement de la plus ancienne basilique byzantine qui avait d’abord recouvert la sépulture de l’Annonciateur du Christ, violée par Julien l’Apostat. Les musulmans entretiennent avec des soins pieux le souterrain où le corps de saint Jean Baptiste reposait à côté de celui du prophète Elisée, et nous y descendons, suivis du cheikh de Samarie. Quant à l’église, aujourd’hui consacrée au culte d’Allah, il n’en reste plus qu’une triste abside qui est intérieurement [intérieuremente] peinte à la chaux blanche et ornée des vieux