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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/45

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comme il arrive dans cet Orient où les villes n’ont pas de route qui les relie au reste du monde, et vivent isolées sans déranger la tranquillité de leurs alentours. Et Djéninn — l’antique En-Ganim, ville de la tribu d’Issachar échue en partage aux Lévites (Josué, XXI, 29) — Djéninn, à cette heure du soir, est charmante, ainsi dorée par le soleil couchant, au milieu de tout ce pays d’herbes, où les vallons, les montagnes semblent uniformément recouverts avec des peluches et des velours. Assise à l’entrée de la plaine d’Esdrelon, qui s’étend derrière elle comme une mer verte, elle est un groupe de coupoles blanches et de minarets blancs, d’où s’élancent quelques tiges de sveltes palmiers ; absolument orientale, avec ses toits de pierre et ses maisons en terrasse, elle a, par exception, une apparence neuve et on n’aperçoit point de ruines encombrant ses abords. — Très jolie, cette Djéninn, et ne semblant pas la ville inhospitalière qu’elle a la réputation d’être ; un peu mystérieuse seulement, à cause de son calme, à cause de son isolement parmi ces tapis d’herbes et de fleurs qui paraissent n’avoir même pas été foulés. Sans y entrer, nous la contournons par un sentier de chardons et de folles avoines ; il n’en sort