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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/48

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Ici, est l’entrée de la Galilée, et nous dormirons ce soir à Nazareth, qui doit nous être cachée dans les replis de ces imprécises montagnes, là-bas au delà des nappes vertes de la plaine d’Esdrelon. D’abord, il nous faut donc traverser cette plaine si unie, déroulée devant nous à n’en plus finir. Pendant cinq heures d’affilée, au pas ou au galop, nous nous avançons à travers des orges et des blés, véritables champs de la Terre Promise, voyant peu à peu se rapprocher les montagnes du fond, qui semblent être l’autre rivage de cette mer verte. Des Arabes croisent notre chemin, les uns à pied, les autres sur des ânes on sur des chevaux ; ils disent : « Naraksaï ! » s’ils nous prennent pour des chrétiens ; le plus souvent : « Salam Aleikoum ! » nous prenant pour des musulmans. De loin en loin, sur des petites hauteurs qui émergent de l’étendue unie, comme des îlots, habitent les laboureurs de ces terres si fertiles. Autant que possible, ils ont perché ainsi leurs vieilles maisonnettes à coupoles, dont les murs extérieurs se tiennent les uns aux autres de façon à former rempart, et que protègent en outre des haies de cactus ; dans l’arrangement de chaque groupe, s’indiquent les méfiances séculaires, la continuelle nécessité de se défendre contre les incursions des Bédouins voisins. Tous