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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/64

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Au-dessus des murs bas des jardins, apparaissent des figuiers, des grenadiers, des palmiers que des vignes enlacent. Pas de rues obscures et voûtées, pas de farouches grillages aux fenêtres, comme dans les vieilles villes de l’Islam. Les rares passants, vêtus de longues robes et coiffés de fez rouges, ont la figure jolie, l’air très doux, le sourire ouvert. Nazareth, en somme, malgré la banalité de ses petits monuments et de ses rues, a je ne sais quel attrait accueillant et bon, qui nous repose du grand charme morne des villes musulmanes. Notre campement est au-dessus du quartier des Grecs, au bord de la route de Tibériade et au milieu des vergers enclos de cactus, sur un sol couvert de graminées courtes, sur un terrain sec, très propice aux nomades. Nous dominons là les tranquilles maisonnettes et les jardins verts, les couvents et les cyprès ; alentour et au loin, se déploient les montagnes unies et pareilles sous leurs minces tapis de fleurs… Et le délicieux soir descend sur nous, le crépuscule commence, à la fois limpide et indécis, fondant comme avec une estompe les détails transitoires de la terre, n’en laissant que les grandes lignes immuables. L’instant présent, le siècle autant que l’heure, nous semblent bientôt perdus dans une sorte de vague