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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/71

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suivant la route probable que prit Jésus lorsqu’il fut chassé de son pays et qu’il s’en alla chercher asile à Capernaüm. Une contrée nouvelle, très doucement mélancolique, se déroule devant nous, un pays de pierres, d’oliviers, de broussailles, d’informes ruines, et, tout au fond, dans un lointain si lointain qu’il n’est plus appréciable, une montagne couverte de neige s’indique avec un étrange éclat blanc : le mont Hermon, vers lequel nous allons cheminer maintenant environ quatre jours. Le sang français a plus d’une fois coulé en cette région, aujourd’hui si tranquille dans son suprême délaissement : les Croisés d’abord y ont longtemps guerroyé ; puis, il y a cent ans à peine, Kléber et Junot y livrèrent d’héroïques et presque merveilleux petits combats. Après une lieue de campagnes pierreuses, de landes où des troupeaux de chèvres broutent des herbes courtes, un misérable village se présente à nous, d’aspect tout arabe, avec, à l’entrée, un grand sarcophage antique servant d’abreuvoir pour les bestiaux. C’est Kefre-Kena, qu’une tradition à peu près acceptable désigne comme étant le Cana de jadis, où Jésus fut convié à des noces dans la maison de Nathaniel. Nous n’avons aucun désir de visiter la petite église bâtie là par les Grecs, en mémoire de «