Page:Loti - La Mort de notre chère France en Orient, 1920.djvu/127

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On devine ce que firent ces bandes nommées Légions Arméniennes, une fois lâchées en armes contre les villages et assouvissant férocement leur rancune sur la population turque. Dès le début, on les avait soi-disant chargées du maintien de l’ordre dans les villes comme Adana, Hatchin, etc… et, encouragées par l’immunité que leur conférait l’uniforme français, elles donnèrent libre cours à leurs plus vils instincts ; les pillages, les viols, les meurtres, la destruction, l’incendie des villages turcs, se succédèrent sans interruption. À Hatchin, plusieurs centaines de Musulmans furent mutilés avec d’incroyables tortures. De pauvres prisonniers turcs, rentrant dans leurs foyers après de longs exils, furent massacrés et leurs cadavres honteusement déchiquetés restèrent des jours durant sans sépulture. La ville historique de Marrach, l’une des plus anciennes du monde, bombardée par un violent feu d’artillerie, fut réduite en miettes. Dans les villes d’Aïntab et Onria, ces Légions Arméniennes, toujours sous le couvert de l’uniforme français, commirent des crimes terrifiants. Les faits prirent une telle ampleur tragique que les cercles militaires français de Constantinople envoyèrent à Paris des rapports détaillés, mais qui, hélas ! ne furent pas rendus