Page:Loti - La Mort de notre chère France en Orient, 1920.djvu/143

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» Malgré cette mentalité, malgré le succès éclatant du parti Union et Progrès aux élections, il se rencontre à Constantinople des Français qui jurent aux Turcs qu’ils resteront sur le Bosphore, avec tous les honneurs dus à des gens dont l’intervention a prolongé la guerre de plusieurs années, en coûtant à la France des centaines de milliers de morts. On fait fond sur des politiciens ottomans qui nous ont trahis en 1914 et qui nous trahiront encore demain, etc. » (Toujours le leitmotiv de la trahison, qui ne cesse de revenir.) L’article du Matin fut reproduit par la plupart de nos journaux et ce fut un tollé contre les pauvres Turcs.

Sachant à quoi m’en tenir sur ce fameux meeting, j’ai aussitôt adressé au directeur du Matin la lettre suivante, ne voulant pas croire encore à une perfidie sciemment commise par un journal français :


« À Monsieur le Directeur du Matin
» Février 1920.
» Monsieur le Directeur,

» Je viens en toute confiance faire appel à votre impartialité, je dirai même à votre loyauté, en vous priant de vouloir bien insérer cette note