Page:Loti - La Mort de notre chère France en Orient, 1920.djvu/151

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courant d’eau pure et limpide, a répandu à bon droit le poison de la malédiction sur cet ennemi injuste des Turcs.

Les raisons qui nous firent aimer de Pierre Loti et qui l’attachèrent si fortement à nous, sont tout autres. Pierre Loti s’est pris d’amour pour l’âme turque, qu’il discerne dans nos œuvres nationales, qu’il a chantée dans ses livres avec une maîtrise et une éloquence incomparables et qu’il fera chanter à l’Éternité. Et voyez comment : Quand on se promène dans la nécropole d’Eyoub, il semble qu’on soit arrivé à la frontière de l’autre monde ; un pas encore et on pénètre pour ainsi dire dans l’éternité, on se mêle aux êtres de la vie future. Tandis que la poésie mystérieuse de ces lieux passait de la nature vivante aux pages immortelles de Pierre Loti, la vue pénétrante du poète se fixait sur quelque chose de plus attrayant que ces pierres, ces cyprès et ces platanes, que ces mausolées et ces fontaines, de plus attrayant que la pleine lune qui, la nuit, récite des hymnes de miséricorde sur l’asile éternel des corps enfouis dans ces terres, sur quelque chose de confus qui était supérieur à tout spectacle terrestre ou céleste : cette chose c’était l’âme du Turc, du Turc noble, digne, patient, stoïque, confiant et résigné (vifs applaudissements, bra-