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mon pays : dans les annales des événements qui s’y sont déroulés, on rencontre beaucoup d’erreurs et de fautes, mais pas une ligne qui relate une ingratitude ! Après avoir laissé massacrer les musulmans de Smyrne par les soldats hellènes et après avoir gardé le silence devant cet acte, on veut, paraît-il, nous expulser de Constantinople et transporter le Califat musulman dans une ville de l’Anatolie, comme un vulgaire ballot, ou le serrer dans un coin du palais de Top-Kapou (Vieux Sérail) comme les vieilleries du Musée. Lorsqu’on aura expulsé les Turcs de l’Europe, il se produira un tel bouleversement, que toutes les parties du monde en seront secouées. Qu’on n’ait aucun doute à ce sujet : si nous sortons de Constantinople un incendie éclatera, qui durera des années ou des siècles, nul ne peut le prévoir, et embrasera d’un bout à l’autre l’horizon du globe terrestre.

Je ne puis m’empêcher de présenter ici deux aspects opposés, mais exacts de l’histoire.

À l’époque où le Sultan Mahomet entrait dans la ville de Constantinople, qui avait été vantée et promise par Mahomet à son peuple, l’empire musulman d’Andalousie était en décadence ; c’est-à-dire que dans le sud-est de l’Europe, un État musulman consommait la ruine d’un État chré-