Page:Loti - La Mort de notre chère France en Orient, 1920.djvu/173

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La politique anglaise est donc actuellement celle-ci : mainmise sur Constantinople comme autrefois sur l’Égypte (elle aura, n’en doutons pas, un caractère provisoire aussi prolongé), occupation directe des régions les plus riches d’Asie Mineure dont la Mésopotamie, partage du reste de la Turquie entre des vassaux : Grecs en Turquie d’Europe et à Smyrne, Arméniens dans une grande Arménie, Kurdes dans un Kurdistan soi-disant indépendant, Géorgiens Azerbeïdjiens dans de soi-disant républiques, Arabes dans un royaume de Syrie, etc., etc.

Bref, l’influence de la France ne pouvant s’exercer que par l’intermédiaire d’une grande Turquie, on supprime celle-ci et on la remplace par des possessions anglaises ou des États vassaux de l’Angleterre.

Dans ce qui restera de la Turquie, tous les nouveaux venus auront les mêmes droits. Cinq siècles d’efforts faits par la France sont effacés d’un seul trait. C’est ce que M. Bellet à la tribune de la Chambre appelle de la politique pratique, servant bien les intérêts de la France. Cette politique pratique consiste, pendant que l’Angleterre se garnit les mains, à continuer de se ruiner en créant des Arménies et des Thraces grecques.